Art et Web, menace ou opportunité?

Art et Web, menace ou opportunité?

Edith JOLICOEUR fenêtre rougeQu’un artiste ait une démarche « d’art commercial » ou « d’art de recherche », il devra inévitablement choisir des canaux de diffusion. Pour moi, le Web et les médias sociaux représentent un bon moyen de faire connaître et même parfois de vendre son travail. Toutefois, selon certains artistes que je rencontre, le Web représenterait une menace pour leurs droits d’auteurs ainsi qu’une perte de temps.

Le temps c’est de l’argent

Bon, c’est vrai, on peut passer (perdre) beaucoup de temps sur Internet. Bâtir un site, le mettre à jour, répondre aux courriels, alimenter les réseaux sociaux peut représenter plusieurs heures de travail par semaine. (Sans oublier le temps passé à regarder des vidéos de chats ou à stalker les profils de ses amis Facebook!) Un agent ou un galeriste peut faire la promotion du travail d’un artiste alors que celui-ci produit. C’est vrai. Toutefois, ceux-ci « chargent » pour leurs services.

Un artiste peut aussi choisir de monter des expositions autonomes (Vanity gallery) ou de participer à des symposiums, des foires et des collectifs. Il y aura probablement moins de frais que par l’entremise d’un agent ou d’un galeriste, mais il devra investir beaucoup de temps dans la préparation et la promotion en plus du temps passé sur place où il ne produira pas ou presque pas. Sans compter le risque de bris et d’épuisement.

On n’a rien pour rien dans la vie!

Je crois que chacun peut (devrait) faire comme il le sent. Tout est une question d’évaluation coût/bénéfice. Quel est le risque encouru à diffuser des images de ses œuvres en basse résolution par rapport à l’opportunité de faire connaître son travail ou de fidéliser sa clientèle grâce au Web? Combien de temps, d’énergie et d’argent « dépenser » dans l’entretien de sa présence Web par rapport aux ventes que cet investissement fera réaliser? Combien de temps, d’énergie et d’argent investir en passant par des moyens de diffusion traditionnels par rapport aux ventes que ces moyens (agent, exposition en galerie ou autonome, symposium, foires, etc.) permettront de réaliser? Et pourquoi ne pas faire un peu des deux; traditionnel et virtuel? (Dans la mesure ou un agent ou un galeriste n’exige pas l’exclusivité de sa représentation et de ses ventes!)

Mon bilan

Pour ma part, il est clair que le Web représente une opportunité. La saison touristique gaspésienne ne dure qu’à peine plus de deux mois. Je dois vivre (je souhaite bien vivre) à l’année. Internet permet aux gens de visiter ma galerie de façon virtuelle – c’est moins gênant! Les réseaux sociaux me permettent de créer des liens avec le public comparables à ceux que je créerais lors de symposiums ou de foires. Et ça ne m’empêche pas d’avoir – aussi – une vie (artistique) dans le monde réel! Mes catalogues sont en ligne et les prix ainsi que les modalités de paiement sont affichés. Mon site n’est pas transactionnel (les gens doivent me contacter par téléphone ou par courriel pour compléter leurs achats). Pourtant, plus de 50 % de mon chiffre d’affaires est attribuable à ma présence active sur le Web.

Soyons stratégiques!

Je fais partie de ceux qui croient qu’il faut être là où notre clientèle se trouve. Selon le CÉFRIO, de plus en plus de Québécois magasinent et dépensent en ligne. Ça représenterait 6,8 milliards de dollars pour l’année 2012. Je veux ma part!

Dans mes conférences et formations, je propose aux participants différentes étapes en vue d’élaborer des stratégies d’utilisation du Web et des réseaux sociaux selon leur mission, leur clientèle cible, leurs objectifs et leurs moyens. Je rappelle aussi l’importance de l’évaluation des résultats et de l’ajustement constant.

Oh! Bien sûr, tout ça demande du temps. Préparer une exposition ou participer à un symposium demande aussi beaucoup de temps. Personnellement, je sais que je peux mettre mon site Web à jour ou répondre à des courriels de clients alors que je suis en pyjama! Et ça me rapporte de l’argent! Pouvez-vous en faire autant? Dans la vie, on choisit ses combats! (Rires)

À vous de me dire maintenant. Le Web, une menace ou une opportunité pour les artistes?


Edith Jolicoeur

Professionnelle en arts visuels, Edith Jolicoeur transforme de vieilles portes et fenêtres en véritables tableaux. S’appuyant sur un style narratif, elle marie les arts visuels et les nouveaux médias. Deux fois boursière du CALQ, certaines de ses oeuvres font partie de collections publiques et privées en Amérique du Nord ainsi qu’en Europe.

Consultante branchée, gestionnaire de communauté, chargée de communication numérique et de médiation culturelle. Edith Jolicoeur tire près de 80% de son chiffre d’affaires grâce à sa présence active sur le Web. Elle offre maintenant des conférences et formations dans l’ensemble du Canada en plus d’avoir été chroniqueuse branchée à CIEU FM.

Pour le reste, Googlez-la!

about.me/edithjolicoeur


Note : Ce billet a été initialement commandé par le Conseil de la culture de Québec et Chaudière-Appalaches et publié sur son site le 7 janvier 2014. Accéder au billet original

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Comments

  • Rose-Marie

    Très instructif

    • consultantebranchee

      Heureuse de le lire! Merci et bon succès!

  • Lyse Rioux

    Intéressant. Il me faut pratiquer ça maintenant.

    • consultantebranchee

      Merci! C’est vrai que ça prend un peu de pratique, mais je suis confiante. Bon succès!!

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